Le jour où j'ai lâché prise

Kinlam et les animaux de la forêt, premier livre d’une tétralogie est sortie le 11 mai 2018 officiellement.

Quelques jours plus tôt, j’avais annoncé sa sortie autour de moi, comme l’adoption d’une petite fille. Je disais cela en souriant, parce que le temps que l’idée fasse son petit bonhomme de chemin dans mon esprit, cela a bien duré le temps d’une gestation !

Le soir même de cette journée importante à un niveau spirituel, je me suis sentie…comment dire ? lessivée. C’est bien cela le mot, oui, j’étais lessivée. J’ai pensé furtivement à l’état dans lequel je m’étais trouvée chaque fois que j’ai donné naissance à mes fils, et cette même lassitude, ce même sentiment de plénitude et de mission bien accomplie m’ont envahi.

Je me suis dit « Arlette, on dirait effectivement que tu viens encore d’accoucher. Aurais-tu donc effectué une prophétie auto-réalisatrice ? ». On dirait bien que c’est ce que j’ai fait, oui.

Décidemment, le processus d’écriture de ce livre n’aura cessé de m’en apprendre sur moi-même ! J’ai donc donné naissance le 11 mai à Kinlam et les animaux de la forêt. Ce jour-là, avec la fatigue surement due aux efforts effectués pour la promotion du livre, je me suis écroulée, KO et…et j’ai lâché prise. J’ai lâché prise…je pense. Je me suis sentie tellement libre, libérée, fatiguée mais légère, de savoir que j’avais finalement, enfin publié mon premier livre.

Je m’étais mis la pression plusieurs semaines avant pour en faire la promotion, ouvrir des comptes sur les réseaux sociaux, en parler chaque jour sans relâche, demander des avis de part et d’autre, commander des exemplaires à offrir à des critiques de livres avant sa sortie officielle. Je me suis dévoilée aussi, un peu (j’en parle ici). J’ai un peu parlé de moi, de ma famille. Comme pour un bébé donc, j’ai pris la peine de préparer sa venue, de m’assurer que tout était fin prêt pour qu’elle soit accueillie comme la princesse qu’elle était.

Le jour de sa naissance, comme je l’ai fait pour Hugo et Noam, j’ai lâché prise.

J’ai lâché prise et je lui ai souhaité bon vent.

J’ai lâché prise et j’ai prié les anges pour qu’ils accompagnent son chemin, pour qu’ils éclairent sa route. Je ne sais pas ce qu’elle va devenir, jusqu’à quel point elle va grandir. Je ne peux pas le savoir et cela ne dépend plus vraiment de moi. Elle va faire son petit bonhomme de chemin, toute seule. Je lui souhaite bonne route.

Comme lorsqu’on devient parent, il faut accepter que quelque part, nos enfants, dès leur naissance, ne nous appartiennent plus. J’ai une pensée pour le poème de Khalil Gibran « nos enfants », tiré de son livre, Le Prophète.

Mon livre ne m’appartient plus, il appartient à ses lecteurs, il appartient à l’univers.

J’ai confiance que bon accueil lui sera réservé, que sous le regard de ses petits (et grands) lecteurs, Kinlam va s’épanouir, se développer. Je sais qu’elle va apprendre d’eux, et qu’ils apprendront d’elle.

Le 11 mai 2018, j’ai décidé de laisser la magie de la vie opérer, j’ai laissé mon livre s’envoler. Comme je le fais avec Hugo et Noam, je vais maintenant accompagner, souvent de près, parfois de loin. Je vais continuer d’observer et continuer d’apprendre, c’est sûr. Mais je réalise que la suite des évènements ne dépend plus de mes efforts uniquement. J’ai appris une belle leçon d’humilité ce jour-là. J’ai appris que je n’étais pas seule. J’ai surtout appris que toute seule, je ne pouvais rien. J’ai réalisé qu’une fois que j’avais fait ce qui était matériellement possible, une fois que j’avais poussé de toutes mes forces, il me fallait passer le relais à la vie, à l’univers. Laisser l’univers continuer le travail pour moi, avoir la foi que tout se passerait bien. Lâcher prise, pour que la magie puisse opérer. Telle fut ma leçon du jour.

Maintenant que cette phase est passée, je vais continuer d’arroser la graine et juste l’observer devenir une belle fleur.

Je vais désormais m’atteler à planter d’autres fleurs. Je me tourne vers d’autres parties de mon jardin à défricher, je prépare le sol pour d’autres graines que je vais également planter, dans l’espoir qu’elles aussi grandissent pour donner de belles plantes.

Je continue donc d’écrire. Comme vous le savez, il nous reste trois livres (je pense, pour l’instant) de la tétralogie de Kinlam. Je vais continuer de partager avec vous mes confidences et aventures littéraires régulièrement dans cet espace, ainsi que nos voyages sur l’autre blog (ici).

 

A très bientôt donc !