Une chose qui revient souvent lors de mes discussions avec mes clientes, ces lumières qui se connectent à moi pour un (gros) coup de pouce dans leur vie, c’est l’amour de soi, l’estime de soi, ou plutôt le manque d’estime de soi.
Je suis effarée de voir à quel point beaucoup d’entre nous ont une opinion négative d’elles-mêmes. Et de ce manque d’amour de soi-même découle tout un tas de comportements qui freinent la personne dans son épanouissement. Je vois des lumières qui parce qu’elles n’ont pas l’estime d’elles-mêmes, ne savent pas à quel point elles brillent. Elles s’empêchent de prendre leur place dans leur propre vie, elles s’empêchent de dire leur vérité, elles remettent leur légitimité en question, etc.
Je me suis dit que j’allais donc en faire le sujet d’un de ces mots doux que j’aime bien vous envoyer de temps en temps. C’est un vaste sujet, je vais donc commencer par ce que j’entends par « estime de soi »:
Amour ou estime de soi : C’est le regard ou la vision positive que l’on porte sur soi-même, ses capacités, ses potentiels, sa personnalité, etc. C’est le sentiment d’amour et de respect inconditionnel pour soi, dans le meilleur comme dans le pire. C’est savoir et reconnaitre que chaque personne est unique, chaque personne a des attributs spécifiques, une destinée spécifique et unique à elle.
Le jugement n’entre pas dans l’estime de soi. Dès le moment ou on juge ou on se compare, alors on rentre soit dans le sentiment de supériorité, soit dans le complexe d’infériorité.
L’estime de soi n’est pas la confiance en soi. On peut avoir une excellente estime de soi et ne pas se sentir en confiance dans un contexte ou dans un autre.
Exemple que je prends sur moi :
J’ai une bonne estime de moi. Je suis une très bonne écrivaine. Je le sais. C’est une capacité intrinsèque à mon être. Je peux l’affirmer, l’accepter, m’en réjouir même, et le célébrer. En disant cela, j’affirme quelque chose qui fait partie de moi, quelque chose que je suis. Je m’affirme et clame ma vérité.
Note ici que je n’ai pas dit que je suis la meilleure. « La meilleure » signifie que je rentre dans la comparaison, dans le jugement et je suis « borderline » arrogante. Je sais aussi que d’autres écrivent peut-être moins bien. Mais on s’en fout, on ne parle pas des autres, on parle de MOI, MOI, MOI !
Je sais que je suis une très bonne écrivaine, mais je peux manquer de confiance en moi dans un concours d’écriture par exemple, parce que là, je me heurte au jugement des autres, et nos égos respectifs nous empêchent dans ces cas-là de voir qu’autant nous avons nos capacités, les autres ont également les leur qui leur sont propres et qui ne souffrent pas de comparaison.
Cette bonne estime de moi me permet également d’apprécier les talents d’écrivains d’autres personnes, parce que je sais que leurs capacités n’enlèvent ni ne rajoutent rien aux miennes. Elles ne sont ni plus, ni moins, elles sont, tout simplement, dans leur splendeur et dans leur singularité.
Bon. Je pense que nous sommes d’accord sur la définition ?
Je vais maintenant te relater deux anecdotes qui peuvent expliquer comment s’est construite mon estime de moi.
La première : Je devais avoir environ 12 ans quand un jour mon père m’emmène à l’école et sur le chemin, nous croisons une autre fille qui porte les mêmes ballerines que les miennes. Je montre à mon père qui, en rigolant et faisant des grimaces me demande « qui est cette personne qui ose porter les mêmes chaussures que ma fille? Ce n’est pas possible, comment elle ose ???! » on rigole bien et il me dépose. Pour moi, ça s’arrête là. En venant me chercher à la fin de la journée, à ma grande surprise, mon père m’emmène acheter une nouvelle paire de chaussures, parce que oui, je ne pouvais pas porter les mêmes qu’une autre petite fille mdr. Au-delà de l’anecdote -j’avais peut-être juste besoin d’une nouvelle paire de shoes-, j’ai retenu deux choses de cet épisode :
On n’a jamais trop de chaussures, merci papa ! 😊
La construction de l’estime de soi commence dès le plus jeune âge- Une enfant qu’on encourage et qu’on valorise devient en général une adulte sûre de qui elle est.
La deuxième : Ma cousine et moi fraichement arrivées de Côte d’Ivoire aux Etats-Unis, dans notre chambre d’étudiantes. Nous sommes devant une émission de télé, et le sujet c’est le manque d’estime de soi. Ma cousine et moi regardons éberluées, estomaquées cette jeune fille à la télé, qui explique ce que son manque d’estime d’elle-même a eu comme impact négatif dans sa vie. Ah bon ?? Il y a des gens qui pensent vraiment tant de mal d’eux-mêmes ? Il nous semblait à ce moment impensable de penser « je suis trop nulle, je suis trop moche, etc. » C’était je t’assure une découverte pour ma cousine et moi. Le manque d’estime de soi. Concept intéressant…
Je me suis rendu compte évidemment plus tard, des tenants et des aboutissants de cette histoire d’estime de soi, de ses causes et de ses conséquences.
Tout cela m’a fait me demander ce qui dans mon éducation, avait contribué à construire cette image, cette estime que j’ai de moi-même. Et j’ai trouvé une explication : LA PAROLE.
Là d’où je viens la parole est sacrée, sacralisée même. Les mots qu’on « envoie » sont pesés et soupesés. Voici les phrases de ma mère qui ont baigné mon enfance :
« Les paroles, c’est comme l’eau que tu verses. Une fois versée, tu ne peux plus la remettre dans le verre »
« La bouche qui bénit, c’est celle-là même qui maudit. »
« Ne dit pas de mal des enfants des autres, tu n’as aucune idée de ce à quoi vont ressembler les tiens plus tard »
Le but n’était pas de me faire taire lorsqu’elle me disait tout cela. L’objectif était que je réalise à quel point les mots que j’utilise ont le pouvoir de blesser ou de consoler. Partant de ce postulat, mes parents ont rarement eu à mon encontre des paroles négatives. Je me souviens quand je me faisais gronder pour mes mauvaises notes, mon père disait des choses telles « je ne comprends pas qu’une fille aussi intelligente puisse avoir des notes aussi médiocres ». Mon intelligence n’était jamais comparée à celle des autres. Elle était déclarée, tout simplement dans son individualité.
Cette manière de dire les choses m’a permis de construire une image positive de qui j’étais et de qui je pouvais être, sans sombrer dans le complexe de supériorité. Dans ma famille, traiter un enfant de con ou de stupide ou d’idiot est impensable, c’est considéré comme une malédiction qu’on envoie à son enfant. Petite, je ne réalisais pas le poids et la portée de cette croyance. (Ah mes parents ! ils ont été bien maladroits à plein d’égards, mais sur cette façon de faire les choses, je leur dis merci.)
Du coup, le pouvoir de la parole est une croyance avec laquelle j’ai grandi et qui m’a construite.
Aujourd’hui quand j’entends même un adulte dire de lui-même qu’il ou elle est trop bête ou trop nulle, même en passant et sans y penser vraiment, j’ai un sursaut de recul. Je comprends qu’on puisse dire : « Zut, j’ai oublié. J’ai été maladroite. Je n’ai pas fait attention. Je me suis trompé. J’ai mal agi. J’ai fait une bêtise. » Mais faire des bêtises ne fait absolument pas de nous des gens bêtes ou nuls !
Dieu sait que je ne réussis pas toujours ce que j’entreprends, mes moments de découragement et de blues sont plus ou moins fréquents, il m’arrive également de me décevoir moi-même. Dans ces situations il ne m’est jamais venu à l’idée de me dire que je n’avais aucune valeur en tant qu’être humain (« nulle », selon Le Larousse, signifie : 1) Qui n'existe pas, qui se réduit à rien, qui égale zéro. 2) Qui est dépourvu de mérite, d'intelligence, de valeur.)
Euh…faites gaffe quand même à ce que vous dîtes de vous-même les gars !
Pour parler de manière plus générale, il y a également dans certains pays la tradition du griot, garant dans beaucoup de traditions Africaines, du pouvoir de la parole.
« […], c'est surtout en tant que gens de la parole que les griots se spécialisent. De simples musiciens, ils deviennent l'incarnation même de la mémoire que la société a de son passé et de son histoire. C'est surtout en tant que gens de la parole qu'ils remplissent leurs diverses fonctions d'informateurs, de porteurs de traditions religieuses et profanes (avec le forgeron), de généalogistes, de biographes et de philologues, d'acrobates, d'animateurs des veillées, d'imitateurs. » Source : https://www.erudit.org/fr/revues/jeu/1986-n39-jeu1069377/28610ac.pdf
Les griots font partie intégrante de cérémonies traditionnelles, pendant lesquelles, en tant que témoins et gardiens de l’histoire d’une société, ils vont chanter les louanges et raconter la vie d’un peuple, d’une famille ou d’une personne. Lors d’un mariage par exemple, le griot va relater en chanson, la vie des jeunes mariés, leurs parcours et leurs accomplissements. Le griot va faire la liste littéralement de toutes les qualités et toutes les choses positives que la personne aura accompli jusque-là. Les familles vont se réjouir de ce que deux personnes pleines de valeur s’unissent. Dans ces sociétés, chaque personne bénéficiera au moins une fois des louanges du griot : à la naissance, au mariage, lors d’un rituel de passage ou d’un décès.
Cela montre que peu importe qui on est, il y a quelque chose en chacun d’entre nous que nous pouvons célébrer. Pour celui qui est enseignant ou formateur, qui transmet son savoir et ses connaissances, le griot va citer les élèves sur lesquels cet enseignant aura eu un impact positif, les trajectoires qu’il aura positivement influencées en transmettant ce qu’il savait. Pour celle qui est coiffeuse ou couturière, le griot va mentionner toutes ses personnes qui sont sorties du salon ou de la boutique la tête et le moral hauts, fiers de l’image physique que leur renvoyait désormais le miroir. Pour le cuisinier, le chanteur, les artistes, le griot louera l’amour et la joie qu’ils mettent dans le cœur de ceux qui sont touchés par leurs œuvres. Et ainsi de suite.
Tu vois ? Nous avons en chacun de nous ce petit truc, qui va au-delà d’un simple titre professionnel, ce petit truc qui n’appartient qu’à nous. Honorons cela en commençant par l’accepter.
Ma mère dirait : « Dieu n’a pas fait d’erreur en nous laissant venir au monde. »
S’effacer et affaiblir sa lumière, c’est agir comme si notre présence sur terre était dûe à un pépin technique dans l’univers. Alors mes cocos et mes cocottes, assez de cette faible estime de soi. Redressez la tête et les épaules, votre vie n’est pas un hasard.
La construction de l’estime de soi se fait donc en famille, en société, dès le plus jeune âge. Reconnaître ses capacités, les parts positives et négatives de sa personnalité, aide à poser les bases d’une certaine sécurité intérieure.
Tout ça pour te dire que penser et dire du bien de soi-même, entendre dire du bien de soi-même, dès le plus jeune âge, contribue à se construite une saine estime de soi, et une solide sécurité intérieure.
Sans grande surprise, j’utilise beaucoup le pouvoir de la parole dans mes suivis et accompagnements parce que oui, le verbe est créateur. Chaque mot transmit dans les canalisations, les méditations ou les mantras, est un réservoir d'énergie, tout comme les sons. Lorsqu’on ajoute à cela le pouvoir de la pensée et de l’intention qui est en chacun de nous (et la Foi inébranlable), nous créons ensemble, une autre réalité.
Ce que tu dis a une puissance,
Ce que tu dis a un effet,
Ce que tu dis a une conséquence.
Pour conclure donc, pour (re)construire ton estime de toi, tu peux utiliser ta parole. L’exercice que je donne souvent est le suivant :
Pendant 21 jours, devant un miroir, trois fois le matin, trois fois le soir, répète-toi à haute voix et en conscience, les affirmations positives suivantes :
Je suis un être unique et merveilleux
Je suis bien telle que je suis
J’aime ce que je vois en moi
Je m’aime et m’accepte totalement
Au début, l’exercice paraît étrange parce qu’on n’a pas l’habitude de se dire des mots doux, de s’envoyer des « je t’aime » régulièrement, donc on se trouve un peu empoté devant son miroir. Tu ne trouves pas cela bizarre ? D’envoyer des mentions « j’aime » à tort et à travers virtuellement et parfois dans la vraie vie à nos enfants, à nos compagnes et compagnons, à nos amis, mais quand il s’agit de se dire « je t’aime » à voix haute, aucun son ne sort ?
J’insiste sur le fait de le faire devant un miroir, parce qu’on se regarde rarement vraiment en conscience. On regarde nos défauts physiques ou nos vêtements. On se regarde, mais on ne se voit pas. Avec cet exercice, tu te regardes en conscience, tu te vois, dans ton entièreté et tu réalises que l’âme dans cette enveloppe corporelle, c’est toi. Les mots négatifs que tu te lances parfois, la sévérité avec laquelle tu te juges, tu n’as pas toujours la même pour les autres, parce que tu les vois, eux. Alors qu’est-ce qui fait que la personne dans le miroir, tu sois aussi virulente avec elle ?
Le but de l’exercice, c’est qu’à ton tour, tu puisses affirmer sans faux semblants, ce à quoi tu es super bonne. Sans faux-semblant, sans fausse modestie, sans comparaison, sans fausse humilité.
Je pourrais te dire « Tu es une super dessinatrice, une super pâtissière, une super cordonnière, une super enseignante », et tu accepteras le compliment avec le sourire et avec gratitude, sans essayer de diminuer la portée du compliment genre « meuh non arrête, c’est rien », parce que non, ce n’est pas rien. La manière dont tu cuisines, tu enseignes ou dessines est unique à toi et si je suis touchée par ta manière de faire les choses, alors nous pouvons célébrer et honorer ce truc que tu as en toi, qui fait que tu es toi, qui est une part de toi.
Tu accepteras le compliment parce que tu n’auras pas honte de dire qui tu es, tu n’auras pas peur de ce que pensent les autres (encore une fois, on ne parle pas d’eux ici), tu ne te diras pas qu’il faut être humble (cette fausse humilité qui vient de l’égo et qui est utilisée pour rabaisser les gens, style soit humble et tais-toi – j’en ferais un autre article, de l’humilité et de la modestie- -être humble ne signifie pas se rabaisser ou rabaisser les autres-), tu ne seras pas embarrassée parce qu’on t’a toujours dit qu’il ne fallait pas se mettre en avant (je ne te dis pas ici te présenter automatiquement par ton nom et tes capacités, genre « salut je suis Arlette et je suis douée pour l’écriture ». C’est pas cela le but de l’exercice mdr. Le but c’est de reconnaitre et d’accepter qui tu es).
Au final, je désire pour toi que le fait de dire que tu es super bonne à telle ou telle chose soit aussi naturel pour toi que de dire que tu as deux pieds qui fonctionnent. Déjà, tu ne le cries pas sur tous les toits parce que c’est ta normalité, et même si le voisin a deux pieds également et qu’il court même plus vite avec ses deux gambettes, tu es contente pour lui mais tu en as un peu rien à faire, parce que tes jambes à toi te plaisent et elles sont formidables telles qu’elles sont !
Bon. Dieu que ce billet est long ! Bravo à toi si tu l’as lu d’une traite, et je te remercie de ta patience.
Si tu fais l’exercice ou si tu as des questions, envoie-moi un message et surtout, fais-moi savoir comment tout ça a fonctionné pour toi.